Lumière sur la posture du Lotus et sa symbolique

Padmasana

La posture du Lotus, est la posture « yogi » par excellence, un peu exclusive pour tout ceux dont les hanches sont un peu raides ou les genoux douloureux, il n’empêche que les coussins et les ajustements permettent à tout le monde de profiter de ses bienfaits.
Avec les pieds sur les cuisses, cette posture, permet aux genoux de rejoindre le sol, créant ainsi une base solide pour l’assise et facilitant le redressement de la colonne vertébrale.
Cette posture est le symbole des yogis au même titre que le son OM. Les deux sont liés, et l’explication suivante va vous éclairer sur les rituels mis en place dans les séances de yoga et la symbolique de l’assise.

La soupe cosmique
Vishnu et le lotus

Dans des temps immémoriaux, avant la création de l’univers, Vishnou se reposait confortablement sur son canapé aux milles têtes de serpent, Ananta. Enroulé sous Vishnou, Ananta, lui fournissait un lieu de repos approprié, et ses nombreuses têtes, un abri et de l’ombre. Vishnou et Ananta flottaient ainsi dans l’océan cosmique en attente de toute création. Quand le moment fut venu pour le cycle de création de reprendre, une grande fleur de Lotus commença à germer du nombril de Vishnou.

La plante se mit à grandir en face de lui et une magnifique fleur de Lotus s’ouvrit pour dévoiler les 4 visages de Brahma, le dieu de la création, niché dans la fleur. Chacun de ses visages tourné vers un point cardinal, nord, sud, est et ouest. De ses 4 bouches, Brahma prononça le son sacré OM: « ah », « ooo », « mmm » et le silence. Ce son provoqua le brassage de l’océan qui peu à peu pris la forme de l’univers que nous connaissons. Selon les textes, Om est LA source de toute création et représente à lui seul la trinité hindou.
– Ah est la création, la naissance, Brahma
– ooo symbolise la subsistance de la vie, Vishnou
– mmm symbolise la destruction, la mort, Shiva

La quatrième partie, la plus importante, est le silence. Le moment qui suit le son OM nous écoutons et le silence représente le cycle complet des 3 phases précédentes, le tout représente une circonvolution. En therme yogi, cet ensemble de cycles peut être décrit comme « unité » ou « illumination » ou tout simplement Yoga. C’est ainsi que l’on explique la tradition de commencer et finir un cours avec le son OM. Ce n’est pas une coïncidence si le siège de ce son créateur provient d’une fleur de lotus, symbole de pureté et de perfection. Le Lotus né du nombril de Vishnou, le nombril duquel nous fument nourrit dans le ventre de nos mères pour être la personne que nous sommes aujourd’hui.

Le symbole du Lotus

Le Lotus pousse même dans les marais ou les endroits les plus pollués. Malgré sa source divine, le lotus à un humble début de vie. Sa graine est plantée dans la boue au fond d’un étang trouble. Bien que loin sous la surface de l’eau, ses racines s’installent et la pousse commence à chercher le soleil. Symboliquement, le soleil représente la connaissance illuminée ou la vérité ultime.
Les raies de lumière se réfractent lorsqu’elles se déplacent à travers l’eau. C’est ce qui fait qu’une paille a l’air tordue dans un verre d’eau. Cette réfraction ne permet pas de voir clairement le soleil sous la surface de l’eau, mais le Lotus sait toujours qu’il doit s’élever, à travers l’eau, pour capter les rayons les plus clairs. Une fois au-dessus de l’eau, il fleuri et veille à ce qu’aucun de ses pétales ne touche l’eau trouble. Il ouvre ses pétales roses et tourne son visage vers la lumière, se réjouissant de sa découverte. 

Le voyage de cette fleur sacrée reflète le voyage du yogi. Nous sommes enracinés dans la terre, absorbés par le cycle sans fin des naissances, des décès, des maladies, des drames, des fêtes, des factures et des relations familiales. Les textes yogiques nomment cette part sombre comme Avidya. Avidya est la grande erreur qui nous fait nous identifier à autre chose qu’à notre nature divine. Selon les Yoga Sutra de Patanjali, Avidya est l’un des plus grands obstacles sur le chemin de la réalisation de soi. Nous nous définissons par nos noms, nos carrières, nos antécédents familiaux, nos maladies, nos blessures, notre âge, notre race, notre religion et toutes les choses qui nous séparent les uns des autres. On dit je suis une femme, tu es un homme ou je suis français, tu es irakien. Si nous ne faisons pas attention, les définitions et les étiquettes nous maintiennent embourbés plus profondément dans la mare de la dualité et nous ne parvenons pas à voir les autres et nous-mêmes comme faisant partie d’un tout. Ce type de pensée représente l’exclusivité, alors que le yoga cherche à rejoindre ou à inclure tous les êtres, quelle que soit la façon dont ils se définissent.

Tout comme la graine de Lotus, nous pouvons nous sentir coincés dans cette boue d’étiquettes et de séparation. Puis, nous recevrons peut-être un peu de sagesse. Peut-être un jour de repos, comme Vishnu, nous entendons une simple parole de sagesse qui se fraie un chemin à travers la coquille de la petite graine de Lotus. Et ainsi commence notre voyage. De là, nous traversons les eaux déformantes de notre compréhension limitée et recherchons la lumière de la sagesse, qui brille toujours sur nous, si seulement nous prenons le temps de la remarquer. La promesse du yoga est, qu’en fin de compte, grâce à suffisamment de connaissance et de détermination, nous faisions surface au-dessus de l’eau et réalisons notre plein potentiel.

Grandiose? Bien sur. Mais les Lotus fleurissent tout le temps et partout dans le monde et ils n’en font pas grand cas. Ils savent que fleurir est leur but ultime et qu’il vaut la peine d’aller au delà de la réfraction pour trouver la source ultime de lumière. La lutte n’est qu’une partie du processus et le résultat est un pur bonheur.

En tant que posture assise ultime, Padmasana ou la posture du Lotus, nous engage dans une pratique élevée de concentration, de méditation et finalement d’illumination. Assis dans cette position, nous sommes solidement reliés à la terre et à nos racines. Au fur et à mesure que notre pratique grandit et que notre conscience commence à s’élever, nous nous asseyons droit, tout comme le lotus qui traverse l’eau pour s’épanouir au soleil. Comme pour le lotus, nos humbles débuts ne doivent pas nous empêcher de nous épanouir dans la pureté.

Inspiré de Myths of the Asana

Avidya = ignorance
Yoga Sutra de Patanjali : texte de recueil d’aphorismes sur le yoga
France Culture : 
Le yoga, une discipline de l’esprit ?
Dessin @ Alexandra Pena